MON TRAVAIL PLASTIQUE EXPLORE LES NOTIONS DE DÉRACINEMENT, D’ERRANCE ET DE RECHERCHE PERPÉTUELLE DE SOI DANS LE MONDE. MON UNIVERS EST INSPIRÉ PAR LA LITTÉRATURE ET LE FOLKLORE SLAVE, PAR LES HISTOIRES ET TRADITIONS RACONTÉES PAR MES PARENTS ET GRANDS-PARENTS. MES ŒUVRES REPRÉSENTENT DES PAYSAGES MYSTIQUES, EMPRUNTS DE NOSTALGIE, DE SOUVENIRS, DE RÊVES ET DE PEURS D’ENFANT.
- Maria Maksacheva
Originaire d’Europe de l’Est, Maria part en France à l’âge de 12 ans pour ses études. Elle se rend d’abord en Normandie, puis dans le sud de la France, avant de s’installer à Paris et d’intégrer l’Ecole des Arts de la Sorbonne. Durant ses études, Maria découvre l’art-thérapie et la psychanalyse dans l’art. Elle s’intéresse peu à peu aux thématiques liées à l’inconscient, l’introspection et l’exploration des souvenirs.
Ses premières peintures à l'acrylique questionnent les regards que porte la société sur le corps des femmes. Elles se logent dans l’intime, avec Monica (2019), qui se coupe les cheveux, seule dans sa salle de bain, les yeux rivés sur le spectateur qui la regarde. De même, The Goddess (2019), conte l’histoire d’une petite fille qui se blesse après s’être rasé les jambes, pour ressembler à une « déesse », que la télévision lui a montrée.
Les années suivantes, Maria étudie l’installation, la photographie argentique, et la vidéo. Toutefois, la peinture reste son médium de prédilection. En 2020, elle peint Ce dont on n’a jamais parlé. Mêlant son visage à celui de sa mère, cette œuvre s’inspire de non-dits familiaux datant de son enfance. Cette toile marque alors un tournant. En plongeant dans son passé, Maria se redécouvre, s’accepte et se libère d’émotions silencées, enfouies, cachées. L’autoportrait devient alors une évidence, comme une urgence qu’elle doit continuer.
Sa suite d’autoportraits réalisée entre 2020 et 2024 est ainsi guidée par son histoire personnelle, ses origines, son parcours psychique et sa quête d’appartenance. Ses toiles l’aident à traverser les différentes étapes de sa vie. Don’t disturb / Growing (2021-2023), accompagnée du collage de textes sur toile Empty (2019), évoquent la croissance, la maturité, et l’évolution vers l’âge adulte.
Avec l’autoportrait double dans The garden / Me and the devil (2023-2024), Maria s’affirme davantage. Elle l’exprime avec ses propres mots : « Mon travail plastique explore les notions de déracinement, d’errance et de recherche perpétuelle de soi dans le monde. Mon univers est inspiré par la littérature et le folklore slave, par les histoires racontées par mes parents et grands-parents. Mes œuvres représentent des paysages mystiques, emprunts de nostalgie, de souvenirs, de rêves, et de peurs d’enfant qui nous poursuivent à l’âge adulte. »
Pour sa première exposition MY HOUSE IS WHERE I PUT MY FEET (Ma maison est là où je pose mes pieds), Maria accompagne ses œuvres de textes et poèmes. Elle réalise pour chaque œuvre, des cadres en crochet qui coulent le long des toiles, telles des émotions débordantes, longtemps tues, et ne pouvant être contenues.
Noémie Taty - journaliste, critique.